Les transformations des classes sociales saisies par les illégalismes du logement. Le cas de l’arrondissement d’Amiens entre 1900 et 1915

Par Coralie Douat
Français

Cet article s’intéresse aux illégalismes du logement dans l’arrondissement d’Amiens, entre 1900 et 1915, en s’appuyant sur une méthodologie combinant une analyse quantitative des archives de référés du Tribunal Civil et une perspective plus microhistorique. Les occupations sans droits, sans titre, les déménagements furtifs et les défauts de paiement du loyer sont successivement étudiés et une typologie est proposée. L’article soutient que ces pratiques témoignent d’une économie morale qui défend l’autonomie garantie par la possession de biens tels qu’une terre, une maison ou des outils de travail. Ces biens, à la fois matériels et symboliques, sont au cœur des résistances des artisans, commerçants et cultivateurs face aux logiques de concentration économique et à la prolétarisation. Ainsi, le type d’illégalisme du logement mis en œuvre, en renseignant le rapport entretenu aux propriétés, informe sur la position sociale de celles et ceux qui s’y livrent et les recompositions qui affectent leur groupe social. Si les anarchistes politisent ces pratiques en critiquant la propriété privée et le capitalisme, les illégalismes qu’ils mettent en œuvre restent profondément enracinés dans les résistances ordinaires des groupes sociaux en mutation. Finalement, l’étude des illégalismes du logement permet d’étudier les recompositions des classes sociales à travers le rapport que celles-ci entretiennent à la propriété.

Mots-clés

  • Amiens
  • xxe siècle
  • logement
  • illégalisme
  • occupation
  • classes sociales