Au-delà d’une « histoire très française » : la France et l’Algérie, et ce que l’histoire peut faire
Envisageant le « rapport Stora » dans l’historiographie sur l’Algérie contemporaine au sens large, cet article le situe dans une tradition française d’écriture de l’histoire algérienne qui date de l’entre-deux-guerres. Largement renouvelée dans les années 2000, la première s’est internationalisée, et ne se trouve plus confinée dans un face-à-face avec l’histoire de France. La seconde, par contre, répond toujours aux demandes politiques et médiatiques de la sphère publique en France qui a tendance à produire et à reproduire son propre discours sur l’Algérie, discours dont les grands traits aujourd’hui ignorent tout de la production scientifique universitaire. S’il relève bel et bien de la compétence et de la capacité de l’histoire en tant que discipline d’informer un débat de société sur son propre passé, il n’est pourtant question de cela ni dans la genèse du rapport ni dans sa réception. L’intention affichée de « réconcilier les mémoires » se trouve aux prises avec le défi d’une compréhension équitable de l’histoire, ce que le discours public et la politique mémorielle refusent. En cela, ils font preuve d’un manque, non pas de connaissances historiques (qui abondent désormais si l’on veut bien en prendre conscience) mais de reconnaissance de leurs propres manquements.
Mots-clés
- historiographie
- France
- Algérie
- politique mémorielle
- Stora