Le genre contre la race ? L’Union des jeunes filles de Tunisie, une organisation non-mixte en Tunisie coloniale (1945-1956)

L’engagement communiste au féminin (de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1970)
Par Élise Abassade
Français

À l’automne 1945, près de dix ans après sa naissance, l’Union des jeunes filles de Tunisie est refondée par de jeunes communistes soudées par leur expérience durant la guerre. Leurs objectifs profonds résident dans l’atténuation des inégalités que subissent les femmes, et dans la lutte anti-coloniale. Françaises, Tunisiennes, « israélites », « musulmanes », selon le vocabulaire colonial, y militent ensemble. Ainsi, de jeunes filles différemment assignées se croisent et interagissent malgré les pesanteurs d’une société très cloisonnée entre des catégories que le pouvoir considère comme relevant de la race, et entre hommes et femmes. L’UJFT se veut en effet être un espace de rencontre, d’éducation et d’action commune en dépit de ces différences, mais également en dépit des différentes classes sociales. Cet article examine alors en quoi ce souhait d’inclusion et de dépassement des barrières de race et de classe est permis par la non-mixité de genre, et explore les effets de celle-ci. Ce faisant, il analyse les facettes de la féminité juvénile défendue et diffusée par l’UJFT.

Mots-clés

  • Tunisie
  • Empire colonial français
  • xxe siècle
  • communisme
  • femmes et genre
  • société coloniale
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