Non-mixité : théories communistes et pratiques militantes. L’Union des jeunes filles de France (1946-fin des années 1950)

L’engagement communiste au féminin (de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1970)
Par Guillaume Roubaud-Quashie
Français

En 1936, les communistes français décident la création d’une organisation juvénile destinée aux seules filles : l’Union des jeunes filles de France (UJFF). Dissoute en 1939, l’UJFF est recréée en 1946 dans un esprit qui reste durablement celui de 1936. La non-mixité n’est pas considérée selon une perspective morale mais comme un moyen de remplir plusieurs objectifs : forger un cadre permettant un militantisme féminin face à des parents redoutant pour leurs filles une mixité peu contrôlée ; défendre des revendications féminines ; promouvoir des cadres féminins dans le mouvement communiste ; répondre à des préoccupations perçues comme spécifiquement féminines ; contester à d’autres forces sociales le public féminin juvénile. Après avoir envisagé les motivations et ambitions affichées par les directions communistes nationales, l’article aborde le militantisme des filles communistes à l’échelle locale, mobilisant plusieurs cas – en particulier issus de la région havraise et des lycées parisiens. Il en ressort un fort écart entre le modèle nationalement promu et les pratiques effectives. Les jeunes militantes recherchent la mixité et la mettent massivement en œuvre, fragilisant par là même une organisation pensée pour offrir des garanties de non-mixité à des parents inquiets.

Mots-clés

  • France
  • xxe siècle
  • mouvement féminin
  • communisme
  • organisation de jeunesse
  • jeunes femmes
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