Les populistes russes du xixe siècle : un populisme sans leader ni élections
Le populisme russe (narodnitchesvo) semble à première vue très éloigné du populisme contemporain, dans la mesure où il n’inclut pas certaines des caractéristiques propres au phénomène : une perspective électorale de court terme et l’édification d’une légitimité principalement charismatique. Dans cet article, nous revenons aux sources de la problématique propre aux narodniki pour saisir la spécificité du mouvement et de sa pratique populiste. Trouvant son origine chez une intelligentsia marquée par l’échec de la révolution modernisatrice décabriste, le populisme russe se construit autour de la déploration de l’absence d’un peuple russe véritable. Par conséquent, à rebours de toute forme de démagogie, il s’agit pour les narodniki de le construire politiquement, par des discours et des répertoires d’action le plus souvent organisés autour d’un paradigme non pas représentatif mais pédagogique. C’est ce qui donne sens à une perspective de long terme et à des questionnements sur les institutions susceptibles de conférer à ce peuple une existence effective. On revient, en conclusion, sur les perspectives qu’il est possible de tirer de ce mouvement quant aux modalités de construction et d’existence des identités politiques.
Mots-clés
- Russie
- xixe siècle
- populisme
- révolution
- socialisme
- philosophie politique