L’autre démocratie. Sur la rationalité politique du populisme latino-américain
Les rapports entre populisme et démocratie constituent une thématique de grande actualité en science politique. Cependant, peu de recherches contemporaines convoquent les apports de la sociologie latino-américaine. Cela en dépit de leur caractère fondateur : les sociologues fonctionnalistes et marxistes se sont emparés de cette problématique depuis les années 1950, en insistant sur la singularité démocratique du populisme en Amérique latine, tout en le scrutant à partir du référentiel occidental de la démocratie libérale. Cette première génération de sociologues est sous le feu de la critique dès les années 1970, lorsqu’une nouvelle génération, marquée par la lecture de Gramsci, reprend le dossier. Ayant pris conscience de la nécessité de ne pas interpréter la politique latino-américaine à partir de référentiels historiques qui lui sont étrangers, ces chercheurs se plongent dans les rapports populaires au populisme. À partir du cas du péronisme argentin, ils mettent au jour toute l’ambivalence démocratique du populisme : d’un côté, il ouvre une dynamique de reconnaissance des exclus, en leur accordant un droit à la représentation et en approfondissant l’égalité sociale ; de l’autre, il referme cette dynamique au sein d’un État de plus en plus corporatiste et autoritaire, censé incarner un peuple organique.
Mots-clés
- Amérique latine
- 1930-1960
- populisme
- démocratie
- classes populaires
- péronisme