Les États-Unis : un régime inégalitaire issu de l’esclavagisme et de la colonisation
Dans Capital et idéologie de Thomas Piketty, les États-Unis occupent une place importante dans la description des régimes inégalitaires, non seulement de par leur inscription dans un espace occidental, nord-atlantique, commun à l’Europe mais aussi du fait de leur héritage esclavagiste et colonial. L’esclavage y est considéré dans l’ouvrage comme une forme extrême d’inégalité, qui souligne aussi la sacralisation de la propriété, mais surtout peut-être comme une institution intrinsèque à la construction du capitalisme. L’expansion territoriale des États-Unis se traduit quant à elle par la déportation ou la très forte limitation d’accès à la terre et d’autres ressources des populations préexistantes. La saisie de ces ressources a permis à un grand nombre d’États-Uniens natifs mais aussi d’immigrants européens d’accéder à la propriété et à l’exploitation de la terre, tout en abondant par leur vente le budget de l’État, État aussi renforcé par les moyens nécessaires à la guerre contre les autochtones. Prendre ensemble la question de l’esclavage et celle de l’expansion territoriale des États-Unis a le potentiel de mieux rendre compte du régime inégalitaire de ce pays et de constater des résonances avec les autres terrains nationaux, coloniaux et postcoloniaux étudiés dans le livre. Cette perspective permet aussi de montrer que le problème des inégalités, présenté comme une sorte d’universel, entre en tension avec la question de la souveraineté, des décisions liées à l’accès aux ressources et à leur gestion, une donnée cruciale dans le monde en transition que nous connaissons.
Mots-clés
- États-Unis
- régimes inégalitaires
- esclavage
- expansion territoriale
- propriété foncière
- Californie