L’imaginaire éthiopien dans le premier monde hispanique : esclavage et baptême dans le Catéchisme évangélique de Sandoval
Parmi les nombreuses « vérités » répandues dans la recherche sur la couleur de peau noire dans le monde ibérique du xvie et du début du xviie siècle, on retrouve souvent l’idée que la notion de pureté du sang a conduit les penseurs ibériques à exclure d’office les Africains de toute possibilité de revendiquer le statut de Vieux Chrétiens. Cette perspective biaisée a occulté de nombreux discours produits au cours de cette période en lien avec l’Afrique, le catholicisme et la légitimité de l’esclavage des noirs Africains. Or certains théologiens et écrivains de la période ont cherché, pour des raisons extrêmement variées, à dépeindre les Africains comme des anciens chrétiens issus de lignées à la pureté religieuse irréprochable. Le présent article analyse la manière dont Alonso de Sandoval (1576-1652), jésuite du xviie siècle établi à Carthagène des Indes (dans l’actuelle Colombie), s’est appuyé sur des représentations de l’Éthiopie chrétienne pour construire ce type de récit des origines chrétiennes anciennes des Africains, récit dont il se servit pour justifier l’asservissement de tous les Noirs d’Afrique. Cet article retrace donc les débats pluriels et contradictoires sur l’Afrique, la couleur de peau et la chrétienté aux xvie-xviie siècles, en mettant en avant le besoin de réévaluer la coexistence de points de vue très différents sur la justification de l’esclavage, la couleur noire et l’Afrique dans les premiers temps de l’empire castillan.
Mots-clés
- esclavage
- Éthiopie
- Jésuites
- baptême
- Atlantique noir
- théologie