Approcher un objet politique non-identifié : Français et Italiens face aux premières élections royales de Pologne (1573-1576)
Cet article explore les réactions suscitées chez les observateurs français et italiens par les deux premières élections royales de Pologne et leur contexte incertain, afin de déterminer ce dont elles peuvent être révélatrices. Pour les témoins de passage et les chroniqueurs qui sont tributaires de leurs informations, les élections, mais surtout leurs issues relativement pacifiques, semblent révéler un espace de faible conflictualité politique et religieuse, et dont l’apparente solidité des liens civils surprend. Dans cet espace où les contraintes habituelles paraissent suspendues, certains imaginent alors de loger leurs projets politiques, dont l’élection, dans sa dimension internationale, autorise la formulation. La diversité de ces espoirs permet de prendre la mesure des disparités des aspirations politiques selon les milieux sociaux de ceux qui les expriment. Tous cependant voient leur caractère illusoire uniformément sanctionné par un brutal échec. Le point de vue moins externe des membres de la nonciature apostolique est sujet à des démentis moins massifs : l’étude des malentendus dont ils sont victimes, et de leur évolution, permet, quant à elle, de disposer d’un nouveau point de comparaison pour aborder la construction d’une culture politique originale en Pologne-Lituanie. Parce qu’elles donnent un aperçu des décalages dans les représentations politiques entre des sociétés européennes, aussi bien qu’en leur sein, l’étude des réactions occidentales devant un événement européen comme les premières élections royales de Pologne permet de mieux comprendre les élaborations idéologiques des sociétés source comme de la société cible.
Mots-clés
- Pologne-Lituanie
- fin du xvie siècle
- Henri III
- élection royale
- diplomatie
- représentations politiques