Le Havre, le contrôle sanitaire maritime et le problème méditerranéen, années 1750-1780

Circulations et contrôles, XVIIIe-XXe siècle
Par Claire Rioult
Français

Le 14 octobre 1762, un arrêt du Conseil d’État entend définitivement clore une longue bataille sanitaire et économique opposant, depuis le xviie siècle, les ports provençaux et languedociens du royaume et rendue d’autant plus aiguë par le souvenir de la dernière grande peste de 1720 en Provence. Marseille apparaît alors renforcée par cette décision royale qui réitère l’obligation pour tout navire en provenance d’Orient ou d’Afrique du Nord de transiter par la cité phocéenne. Loin de marquer une étape finale, l’arrêt de 1762 constitue en réalité le point de départ d’une âpre contestation des élites normandes du port du Havre, qui se voient pénalisées par un monopole marseillais qui in fine les priverait de tout commerce méditerranéen. Cette contestation menée tant par les autorités municipales que provinciales auprès de Versailles n’obtient jamais entièrement gain de cause et se traduit donc par un échec théorique de ces revendications. Pourtant, en dépassant cette première apparence et en analysant les dynamiques qui ont en pratique permis au Havre d’activement contourner ce carcan juridique, la question quarantenaire dans la Manche dans la seconde moitié du xviiie siècle démontre avec acuité les relations d’opposition et de négociation entre échelons politiques du royaume, les éléments de concurrence et de hiérarchie portuaire entre Méditerranée et Ponant, et jette un nouveau regard sur un aspect méconnu de la construction d’une politique sanitaire d’État à la fin de l’époque moderne.

Mots-clés

  • xviiie siècle
  • Manche
  • Le Havre
  • Marseille
  • quarantaine
  • administration
Voir l'article sur Cairn.info