Y a-t-il eu une révolution industrieuse dans le Bassin parisien au XIXe siècle ?
Ce travail vise à interroger la portée des concepts de révolution industrieuse souvent mis en avant pour expliquer la montée apparente ou réelle des niveaux de vie des populations européennes durant les XVIIIe et XIXe siècles. Nous tentons à l’aide d’une base de données de 183 inventaires après décès d’exploitants agricoles et de journaliers dressés par les notaires de deux régions du Bassin parisien (1815-1820 et 1852-1857) de mesurer la croissance des niveaux de consommation de biens typiques de la révolution industrieuse selon Jan de Vries (montres, horloges, livres, etc.). Nous montrons ensuite que la hausse des niveaux de consommation des populations des campagnes de la région parisienne s’est accompagnée d’une hausse du niveau d’alphabétisation des enfants des défunts et qu’elle ne peut s’expliquer par la hausse très minime des salaires ruraux sous la Monarchie censitaire. Nous montrons enfin que la hausse de la durée annuelle du travail intervient pour l’essentiel en fin de période et qu’elle reste très faible. En dernière analyse, il semble que la hausse des niveaux de consommation dans la région de Marines (située au nord de Paris) renvoie à une demande différentielle en biens de consommation et biens d’équipement du ménage que le concept de révolution industrieuse ne permet pas de comprendre.
Mots-clés
- xix e siècle
- Bassin parisien
- agriculture
- consommation
- inventaires après décès