Le landgrabbing : une « contre-réforme » agraire ?
Depuis quelques années, la carte foncière de la planète semble altérée par un mouvement massif et rapide. Le mot anglais pour le désigner est celui de landgrabbing, mais il n’est pas le seul. Ce processus recouvre une diversité de faits et de phénomènes fonciers de nature expropriatrice, activés par des facteurs divers, conduits par des protagonistes anciens et nouveaux, avec des objectifs différents. Toutefois, ils semblent tous correspondre à une nouvelle vague de dépossession des terres et à une nouvelle forme d’appropriation et de reconcentration de leur contrôle. Dans la pratique, ce mouvement déborde la sphère strictement foncière et vise l’ensemble des ressources naturelles, la totalité du monde du vivant. Sur son passage, il subvertit les droits, les coutumes, les pratiques traditionnelles, et il assujettit à sa propre logique les populations indigènes – souvent avec la collaboration des États locaux. Dans cet article, nous tentons de reconstituer ses principales caractéristiques, ses mécanismes et sa logique structurelle, et nous plaidons pour la compréhension historienne d’un processus qui selon toute vraisemblance n’est nullement inédit.
Mots-clés
- réforme agraire
- contre-réforme agraire
- accaparement des terres
- droits de propriété
- dépossession des terres
- appropriation
- expropriation