Depuis la fin de l’année 2000, la multiplication des actes antisémites en France fait l’objet de controverses politiques et scientifiques et de mobilisations impliquant des acteurs publics et privés : l’État, des institutions de la communauté juive organisée, des intellectuels et chercheurs. L’évaluation du nombre et de la nature des actes, tout comme leur évolution, font l’objet d’interprétations divergentes. Cet article retrace la chronologie de l’émergence de cette question comme problème public et replace ces phénomènes dans un contexte national marqué par les appropriations du conflit israélo-palestinien et des débats portant sur le multiculturalisme, l’islam et le racisme en France. En interrogeant les outils méthodologiques mobilisés (sondages d’opinion, recensions annuelles des violences et menaces) pour évaluer les différentes formes d’hostilité à l’égard d’un groupe, la question de l’antisémitisme contemporain en France souligne la nécessité de repenser les cadres d’analyse des dynamiques d’inclusion et de fragilisation de groupes minoritaires dans une société démocratique.