L’antisémitisme en milieux et pays musulmans : débats et travaux autour d’un processus complexe
Cet article traite des débats et travaux de recherche universitaires sur l’antisémitisme chez les musulmans dans les pays à majorité musulmane et en Europe. Il dresse un état des lieux de l’antisémitisme dans les deux cas, puis présente les différentes approches destinées à en expliquer les causes. Dans les pays musulmans, les positions négatives à l’encontre des juifs constituent la règle, et non l’exception. Les positions et la propagande antisionistes associées à des stéréotypes antisémites et des théories du complot juif en constituent un facteur important. En Europe, l’antisémitisme est plus largement répandu chez les musulmans que chez les non-musulmans, et l’implication des premiers dans les agressions antisémites est proportionnellement bien supérieure à celle des seconds.
Il apparaît que l’antisémitisme parmi les musulmans a des origines et des formes variées, et que les tentatives d’explications unidimensionnelles ne suffisent pas. Les thèses expliquant l’antisémitisme avant tout par le confit israélo-palestinien ou par la discrimination et plus précisément le colonialisme apparaissent datées au vu des derniers résultats de la recherche. Sur le plan historique, la conjonction du nationalisme arabe, des mouvements islamistes et de la coopération avec les nazis au milieu du XXe siècle a contribué au premier chef au fait que le traitement discriminatoire dont les juifs ont été victimes dans l’islam du Moyen Âge n’a pas disparu suite à la mise en place des États nationaux, mais s’est le plus souvent transformé en antisémitisme. Les influences islamistes et les stéréotypes relayés par les médias et le contexte social environnant sont aujourd’hui des facteurs essentiels dans la propagation de positions antisémites auprès d’une large partie de la population musulmane.
Mots-clés
- antisémitisme
- musulman
- arabe
- Iran
- Turquie
- islam