Interroger le rapport entre extranéité et lien social permet de mettre au jour les logiques de l’intégration. Dans la Vienne du XVIII^e siècle, la présence ottomane s’inscrit avant tout dans l’histoire sociopolitique de la ville. Elle participe au caméralisme de l’administration impériale et au développement du despotisme éclairé viennois au détriment des libertés municipales. Elle permet à l’élite en place de renforcer sa position à l’encontre des clientèles ministérielles concurrentes. Elle s’inscrit dans une familiarité trans-impériale établie entre le Saint Empire et la Sublime Porte et la production à Vienne d’un milieu oriental cosmopolite. Dans cette configuration, l’extranéité n’est pas un frein à l’intégration, mais elle constitue son levier et sa condition.