Conflits politiques et réseaux sociaux au XVIIIe siècle
Le dimanche 29 août 1745, une petite émeute éclate à Bagnes, une vallée marginale des Alpes suisses, contre le seigneur, l’abbé de Saint-Maurice. Cette révolte n’est qu’un élément d’une lutte de longue haleine, pendant laquelle l’opposition au seigneur représente une partie active et bien organisée du conflit. L’analyse détaillée des protagonistes des luttes politiques, ainsi que des réseaux sociaux qui influencent la mobilisation, permet de mieux comprendre les dynamiques d’organisation de la vie politique locale et le rôle actif des couches populaires. Cette perspective autorise quelques conclusions, qui remettent en question les interprétations classiques des révoltes rurales d’Ancien Régime. Dans le cas de Bagnes, le caractère actif et novateur de la « politique populaire » encore négligé dans les études sur la période moderne, apparaît évident. Les protagonistes de la lutte contre l’abbé soutiennent un projet politique qui ne se réduit pas à une autonomie maximale de la région. Au contraire, ils prônent une ouverture des corporations locales, une transformation des structures économiques, politiques et culturelles de la vallée. Les émeutiers du Châble étaient décidément des « rebelles-novateurs ».
MOTS-CLÉS
- Alpes
- XVIIIe siècle
- révolte
- réseaux sociaux
- politique populaire
- sociétés rurales