Protection des forêts et environnementalisme colonial : Indochine, 1860-1945
L’histoire de la sylviculture coloniale en Indochine contredit au moins sur trois points le diagnostic porté par Richard Grove sur le rôle de la colonisation dans le développement de la pensée environnementale : la colonisation n’est pas ouverte aux savoirs indigènes, elle stigmatise au contraire les modes d’exploitation locaux pour mieux détourner les ressources à son avantage ; les politiques conservationnistes sont sans effets pour ralentir les dévastations des forêts et relèvent avant tout d’un discours impérialiste ; aucun souci préservationniste n’est observable chez les forestiers et les administrateurs coloniaux. Cet article conclut à un fort décrochage, entre l’environnementalisme colonial des XVIIe et XVIIIe siècles décrit par Richard Grove et les pratiques de mise en valeur des ressources forestières par la colonisation industrielle de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle, qui ne permet pas de faire de la colonisation dans son ensemble une racine de la pensée environnementale.
MOTS-CLÉS
- Forêts
- sciences coloniales
- savoirs indigènes
- impérialisme vert
- Vietnam
- Indochine