Les météores de la modernité : la dépression, le télégraphe et la prévision savante du temps (1850-1914)

Par Fabien Locher
Français

À partir des années 1860, la mise en place de services de prévision météorologique, soutenus par les communautés scientifiques et les États, contribue à transformer profondément les rapports individuels et collectifs à l’atmosphère et au « temps qu’il fait ». Ces services s’appuient sur l’utilisation du télégraphe et sur des méthodes inédites de cartographie et d’anticipation des états atmosphériques. C’est à l’Observatoire de Paris, sous le Second Empire, que ces méthodes dites « synoptiques » sont tout d’abord expérimentées. Cet article analyse l’émergence de la prévision techno-scientifique du temps, qui constitue un tournant dans l’histoire des approches savantes et profanes de l’atmosphère et de ses météores. Nous nous arrêtons notamment sur l’apparente étrangeté épistémologique de la prévision synoptique, qui exalte le jugement individuel et revendique l’absence de règles explicites. Nous analysons l’émergence d’une nouvelle entité « naturelle », la dépression, dont l’existence s’impose avec les travaux sur l’anticipation des états atmosphériques. Nous montrons finalement que les approches scientifiques de l’atmosphère du second XIXe siècle sont en phase avec l’essor d’une nouvelle société, industrielle et médiatique, dont la dépression est l’un des reflets au sein de l’environnement terrestre.

MOTS-CLÉS

  • France
  • XIXe siècle
  • météorologie
  • prévision
  • télégraphe
  • astrologie
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