De la silicose et des ambiguïtés de la notion de « maladie professionnelle »
Bien au-delà des mines, la silicose, pathologie du travail la plus mortelle du XXe siècle et qui s’étend aujourd’hui avec l’industrialisation des pays en développement comme la Chine,illustre bien l’ensemble des problèmes posés par la catégorie médico-légale de «maladie professionnelle». Pneumoconiose cousine des maladies de l’amiante, sa difficile reconnaissance est passée par une bataille d’enquêtes, dans l’entre-deux-guerres, entre experts hygiénistes du patronat et des syndicats ainsi que par une énorme pression transnationale (conventions internationales du BIT, rôle majeur de l’immigration).Avec la notion de seuil d’exposition,elle illustre l’acceptabilité plus grande des maladies du travail que de celles de la consommation,qui freina jadis la sensibilisation au risque de saturnisme ou de phosphorisme, et aujourd’hui au danger des cancers professionnels. Sa réparation financière,adaptée de celle des accidents du travail,est minimisée par les employeurs qui en imputent la responsabilité aux ouvriers (tuberculose,tabagisme) ou la charge à la Sécurité sociale. Ce combat,qui ne passe pas nécessairement par le terrain judiciaire,met à l’épreuve la capacité de l’État-providence à intégrer la santé au travail dans la santé publique. Elle pointe la difficile transmutation de la notion de maladie professionnelle depuis le développement combiné de la médecine du travail et des assurances sociales.
MOTS - CLÉS
- silicose
- mines
- pneumoconioses
- santé au travail
- assurances sociales
- XXe siècle