Un tournant humanitaire de la politique étrangère américaine ?
La présidence Carter est communément interprétée comme une rupture dans l’histoire de la politique étrangère des États-Unis. Les historiens sont pourtant divisés sur la cohérence, les fondements et les résultats de la diplomatie humanitaire du président démocrate. Dans leur jugement, ils négligent de considérer son attitude à l’égard de l’URSS. L’ambition de cet article est de remédier à ce manque en proposant une analyse de la réponse donnée par la Maison Blanche à la répression soviétique à l’encontre des Juifs et au non-respect de leur droit à émigrer. Il montre qu’en dépit de ses engagements, Carter assuma très tôt l’ambivalence entre la moralité et le réalisme pour obtenir, dans les meilleures conditions possibles,la signature des accords en négociation avec le Kremlin. Le président américain ne réagit aux provocations du Kremlin que de manière défensive et uniquement lorsque la situation politique intérieure ne lui laissa pas d’autre choix.