La qualité du corporatisme.
Malgré le regard neuf qu’on pose depuis peu sur les corporations de métiers, leurs fonctions précises demeurent toujours floues. En ce qui concerne l’époque moderne par exemple, on considère les quotas de compagnons par maître et la lutte contre l’utilisation de certaines techniques comme des «corrections sociales» dans le contexte d’un «marché libre» émergent. Toutefois, étant donné que les corporations de métier ne s’opposaient ni à la sous-traitance ni aux formes protoindustrielles d’organisation du travail, cette interprétation des règlements n’a pas de sens. D’où la proposition d’une relecture des sources normatives invoquées par un certain nombre de corporations anversoises: leur but n’était pas de réaliser un idéal égalitariste harmonieux, mais de pouvoir définir la maîtrise sans équivoque. La stricte vigilance qui entourait l’apprentissage et l’épreuve de maîtrise avait pour objectif de veiller tant au prestige des maîtres qu’à la qualité des produits fabriqués sous leur direction. Au moyen du poinçon, que seuls les maîtres légitimes avaient le droit d’utiliser, la compétence fut reliée à la qualité du produit. Jusqu’au XVIIe (et même XVIIIe ) siècle, cette stratégie s’est avérée judicieuse aussi bien du point de vue social que culturel, y compris pour les grands marchands qui vendaient leurs produits sur le marché. Pour ces derniers, le système impliquait néanmoins qu’ils n’aient pas le droit de s’ingérer dans la production, sauf s’ils devenaient maîtres eux-mêmes.