Entre femmes : l'amitié et le jeu du système dans l'Angleterre victorienne

Intimités : de l'amitié et du couple
Par Sharon Marcus
Français

La classe moyenne britannique considérait l’amitié entre femmes comme un élément crucial de la féminité traditionnelle, et cependant l’amitié est bizarrement absente des études récentes consacrées à l’idéal de la «femme au foyer» et à l’histoire de la famille. Cette lacune est d’autant plus frappante au vu de l’attention portée aux amitiés féminines dans les manuels de savoir-vivre et dans les «récits de vie», un terme qui comprend les journaux intimes, les lettres, les autobiographies et les biographies. Cet essai utilise ces documents afin de distinguer entre les amitiés non-sexuelles et d’autres types de relations que les théoriciennes lesbiennes et féministes du XXe siècle ont souvent confondus à tort avec l’amitié. Après avoir fourni les bases qui permettent de distinguer l’amitié de 1) l’amour sans retour, 2) l’infatuation, et 3) des partenariats sexuels à long terme entre femmes,modelés sur le mariage, cet article analyse le répertoire et la signification de l’amitié en tant que telle.L’amitié jouait un double rôle dans la vie des femmes de l’époque victorienne: elle renforçait les qualités idéales attribuées aux femmes,telles que l’altruisme et la fidélité,mais elle permettait aussi aux femmes de s’engager dans des types de compétitions,d’initiatives,de plaisirs sensuels qui était normativement assignés aux hommes.Cette double qualité constitue le «jeu du système», l’élasticité qui résulte du fait qu’une relation sociale permet aux acteurs de modifier les règles sans les changer de manière essentielle.

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