La langue du feu.
L’un des volets de l’histoire culturelle de la Grande Guerre a concerné dans les dernières années la question de la mobilisation des savants et de la science dans le conflit.Ont été retenus au premier chef les sciences physiques, aux applications militaires immédiates, comme dans les cas de la chimie ou de la mécanique, mais aussi les savoirs médicaux aux conséquences pratiques tout aussi importantes. On s’est moins arrêté sur les sciences sociales dont l’épanouissement est l’une des grandes données de la vie intellectuelle de l’avant-guerre. Dans cette lignée de recherche visant à mettre au jour une «science de guerre» qui est aussi une science de la guerre, on s’intéresse ici aux cas des lexicographes,philologues et grammairiens qui s’attelèrent à l’étude du langage en usage dans les tranchées. Cet exemple conduit à s’interroger sur les conditions générales de mise en place d’un nouveau domaine du savoir dans une période particulièrement perturbée.