Croyance et espace dans le contexte alpin : les Grisons, XVIIe et XVIIIe siècles
L’article étudie la montagne comme «lieu pratiqué» à travers les coutumes religieuses dans une région située en Suisse orientale aux XVIIe et XVIIIE SIÈCLES. L’usage mental de la montagne par la société locale opère sur un fond marqué par deux tendances générales. D’un côté, la Réforme borroméenne conduit à une intensification du culte dans l’église paroissiale, qui a tendance à être intégrée dans l’espace du village. De l’autre, les pèlerinages à longue distance s’épanouissent et ont tendance à se borner sur un espace plutôt régional ou même local. Dans les pratiques religieuses de la population grisonne, ces deux tendances trouvent leur reflet dans le fait que les processions, qui témoignent des liens entre les paroisses à l’intérieur d’une même vallée et qui transforment le territoire montagnard en dehors de l’église paroissiale en terre bénie, se multiplient. En même temps, on observe le développement d’un grand nombre de sanctuaires dotés de pèlerinages locaux. Ceci témoigne à la fois de l’isolement des populations alpines et de la disponibilité de mécanismes produisant une distance mentale entre le croyant individuel et son milieu social quotidien.